GVS MÉLODIE
NOTRE MELODIE – CADRE DE REFERENCE
Nous sommes les observateurs d’un virage culturel et historique à 180° tandis que l’ère séculière, issue du mouvement humaniste et des lumières, approche aujourd’hui de sa fin. La plus grande partie de nos connaissances, qui trouvent leur concrétisation dans nos institutions, sont le produit de ces lumières, et en tant que telles, elles ne transcendent pas le présent ni ne nous indiquent le chemin de l’avenir.
La vie, notre vie, subit un changement d’une rapidité jamais égalée, dépassant l’entendement. Une chose est sûre, cependant : il n’y a plus de certitude, et nous sommes là, avec des tas de questions sans réponse, mais un gros avantage : une liberté nouvelle.
Les institutions, les organisations, les multinationales, les fondations, toutes ont perdu de leur à-propos et aucune ne peut encore nous renseigner sur nous-mêmes et sur la manière de gérer les crises, quelles qu’elles soient (financières, institutionnelles, sociétales, politiques, psychologiques, identitaires, etc.), mais qui ne sont en réalité que la réflexion de la crise de l’esprit !
Les idéologies qui prônaient la « libération » (par le biais de la politique, de l’économie, des sciences naturelles, de la logique et de la raison) nous ont-elles vraiment libérés ?
Ont-elles satisfait à nos attentes, ont-elles atteint leurs objectifs ? La politique était censée libérer les peuples ; l’économie devait rendre le monde meilleur ; la science et la raison devaient triompher de l’obscurantisme…
Mais qu’ont réellement apporté ces idéologies ? Que constate-t-on depuis des siècles ?
Le totalitarisme fasciste a engendré des sous-produits tels que le socialisme, avec son cortège de répressions, d’assassinats à grande échelle et de tyrannie…
Le libéralisme occidental a quant à lui accouché de méga-industries, favorisant la mondialisation, le consumérisme effréné et incontrôlé, les inégalités sociales, l’exploitation, les violations des droits élémentaires, le travail des enfants, le matérialisme culturel, la pollution, la désacralisation de l’environnement et de la nature…
Et nous continuons à nous tromper nous-mêmes et à tromper les autres en prétendant que ces abus ne sont rien de plus que les conséquences inévitables de « l’évolution ».
Se pourrait-il que nous partions du principe que le manque d’humanité soit la condition sine qua non de l’humanité ?
Ou, pour le dire autrement, ne devons-nous pas contourner l’humain pour découvrir un monde plus humain ?
Paradoxalement, ce pourrait bien être le trans-humain. le transcendantal et le spirituel qui apporteraient libération, justice et bien-être.
Le bien-être ne signifie-t-il pas que l’on satisfait à tous les besoins des gens ? Pas uniquement à leurs besoins commerciaux et de consommation, mais à leurs désirs, à leurs efforts et à leurs aspirations, autant de choses de valeur que l’on ne peut pourtant pas chiffrer : la dignité, la paix, la sécurité, la liberté, l’éducation, la santé, le temps libre, la qualité de l’environnement, le bien-être des générations à venir, etc.
La politique traditionnelle s’accroche désespérément à des structures de pouvoir obsolètes et complètement dépassées et à des concepts éculés incapables de fournir une vision partagée des choses, et encore moins de créer une société, un vivre ensemble meilleurs.
Il devient de plus en plus évident que la réflexion politique s’est enlisée.
C’est un paradoxe effrayant de devoir constater qu’alors que nous sommes au summum des avancées matérielles et technologiques, nous nous retrouvons à la dérive, perdus, dévorés par la peur, enclins à la dépression, soucieux à l’excès de notre image et de l’image que les autres projettent sur nous, de plus en plus isolés, paniqués, incertains de nos amitiés, ivres d’une consommation sans but, et virtuellement sans vie communautaire.
Où donc, parmi les milliers d’applications qui alimentent les médias sociaux, pouvons-nous retrouver le contact social ouvert, le seul vrai, apaisant, chaleureux, et la satisfaction émotionnelle que nous désirons plus que tout ?
Comment se peut-il que nous ayons réussi à causer tant de souffrance mentale et émotionnelle alors que nous avons atteint des niveaux de richesse et de confort jamais égalés dans l’Histoire humaine ?
N’est-ce pas notre système de valeurs qui cloche, notre style de vie consumériste, notre soif insatiable de croissance, considérée depuis bien longtemps comme le moteur principal du N’est-il pas temps d’activer l’autre mantra de notre temps, le changement ?
La bonne nouvelle, c’est que dans le monde entier, les gens – et surtout les jeunes – désirent ardemment un vrai changement, ainsi que des solutions positives à la multitude de problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Ce qui est nécessaire, cependant, ce n’est pas un changement à la va-vite, superficiel, creux, comme celui que l’on associe souvent à la durabilité.
En 1987 déjà, Gro Harlem Brundtland appelait à l’élaboration d’un « agenda du changement mondial », que la Commission mondiale de l’Environnement et du Développement s’est efforcée de formuler. Le concept de développement durable venait de naître.
Depuis lors, la durabilité est à l’ordre du jour des décideurs.
La vraie durabilité, cependant, requiert un changement en profondeur, un virage à 180° dans nos valeurs fondamentales. La vraie durabilité requiert de nous que nous devenions contre-culturels et révolutionnaires.
Pour ce faire, un changement au plus profond de nous est nécessaire.
L’un des défis les plus difficiles à relever réside probablement dans le fait de persuader les gens qu’en changeant de comportement, en se libérant du conditionnement, de l’image de soi, on a la possibilité d’explorer un tout nouveau territoire : celui du cœur, de l’âme et de l’esprit.
Un vrai changement de notre système de valeurs est donc plus qu’indispensable. Ce changement ne requiert pas simplement de changer la façon dont on procède ou dont on considère les réalités de la vie de tous les jours, mais plutôt du pourquoi nous procédons de telle ou telle manière, du pourquoi nous vivons les situations qui se présentent dans la vie de telle ou telle façon.
Pour vraiment changer, il faut changer deux fois, affirme Luc de Brabandere : il faut changer les choses et changer notre perception des choses.
Un changement de perception, voilà qui est indispensable !
Ce faisant, on fait de l’innovation la capacité des gens à changer la réalité, et de la créativité la capacité de ces mêmes gens à changer leur perception de la réalité.
Sommes-nous vraiment à court de réponses ?
Le moment n’est-il pas venu d’abandonner ce mode de vie décadent, que nous appelons pompeusement « société », et qui suscite de moins en moins de confiance, et d’aller plus loin, d’entrer dans une nouvelle ère, ou entreprise responsable éthiquement ?
Le moment n’est-il pas venu de transcender l’actuelle culture post-moderne de la rationalité exacerbée doublée d’une fragmentation nihiliste, de doute, de déconstruction et d’égocentrisme ?
Notre état culturel actuel invite les individus de par la terre entière à transcender la vision fracturée du post-modernisme et, enfin, de se réveiller pour recommencer à construire sur un fondement trans-personnel, collectif et spirituel, un fondement élevé de vérité et de conscience, une nouvelle vision, intégrale et holistique.
Pour cela, il va falloir se reconnecter à la spiritualité, au soi profond, à la partie spirituelle de l’être qui a été négligée et maintenue à l’écart de l’équation pendant si longtemps.
Oui, il s’agit bien d’une Renaissance spirituelle et culturelle ! Il s’agit de renouer avec la dimension spirituelle de l’être !
C’est cela, l’émergence : un changement du bas vers le haut. Lorsqu’un nombre suffisant d’individus interagissent et s’organisent, il en résulte une intelligence collective, même si personne ne prend la tête d’un tel mouvement. C’est un phénomène qui existe à chaque niveau d’expérience et qui va révolutionner la façon dont nous considérons le monde, selon Steven Johnson.
Une question doit cependant encore trouver réponse : un nombre suffisant d’individus peuvent-ils se réveiller et s’ouvrir à la révérence pour la vie, au réenchantement de la nature, à une vie commune basée sur un crédo, à savoir que la diversité est fondamentalement synonyme d’opportunité ?
Comment arriverons-nous à mobiliser et à inspirer tous ces gens afin qu’ils se décident à endosser à nouveau la responsabilité de leurs actions, de leurs pensées, de leurs émotions, et par une créativité sans chaînes, à inverser la tendance de la société et à la sortir de son auto-destruction ?
La réponse est : en augmentant la créativité (culturelle) !
Le processus créatif est l’émergence en action d’un produit relationnel novateur provenant de l’unicité de l’individu d’une part, et des événements, des gens ou des circonstances de la vie d’autre part. La créativité est motivée par la tendance de l’être humain à s’actualiser et à devenir ses propres potentialités (Carl Rogers).
Et la bonne nouvelle, c’est que chacun d’entre nous dispose d’un potentiel infiniment plus grand d’auto-accomplissement qu’il/elle l’imagine. Il suffit de le réactiver par un changement d’alignement, un changement de perspective, bref, en se tournant vers soi-même.
L’Art – communion de son âme avec celle de l’autre, par le biais d’un langage symbolique, celui de la forme et du contenu – a un rôle important à jouer dans la transformation et la transfiguration de l’être et dans l’accès à des mondes visionnaires illimités de signification et d’être.
Une culture et une éducation basées sur la spiritualité sont tout aussi importantes si l’on veut inspirer les gens afin qu’ils saisissent leur interdépendance fragile et accèdent à la vérité trans-personnelle. La spiritualité ?
La bonne nouvelle, c’est que la spiritualité n’est plus l’apanage exclusif d’un cercle d’initiés, de gourous ou de religions institutionnalisées.
Un réveil et une révolution spirituels ont actuellement lieu tant dans les sociétés orientales qu’occidentales, un mouvement contre-culturel, mais un mouvement qui, peu à peu, prend l’aspect d’une norme qui renverse les tabous culturels communément défendus, et qui ont fait taire, voire effacé, la passion pour la pratique et l’action spirituelles dans la vie quotidienne, trop longtemps.
Comme la politique a échoué dans sa mission consistant à transmettre l’espoir, incapable qu’elle est de résoudre les crises (entre-temps, la crise à l’échelle mondiale semble d’ailleurs être devenu notre pain quotidien), de plus en plus de gens prennent conscience du fait qu’il est du ressort de chacun de se lever et de se réapproprier cette responsabilité afin de connaître le bonheur, sans influence extérieure. Nous ne pouvons plus nous permettre de nous reposer sur nos lauriers et de confier notre devenir à des gouvernements, à des institutions, voire même à des entreprises, en se contentant d’espérer qu’un jour, les choses aillent mieux. Car en fin de compte, la vie, le bien-être et le bonheur, c’est ce que nous en faisons, nous et nos concitoyens.
Le pictogramme chinois qui désigne la crise reflète parfaitement cette idée d’émergence spirituelle. Il se compose de deux pictogrammes de base signifiant respectivement « danger » et « opportunité » (Stanislav et Christina Grof).
Saisissons donc cette opportunité à pleines mains et passons outre à la crainte, à la haine et au danger !
La bonne nouvelle, c’est que chacun dispose intrinsèquement de la possibilité de faire l’expérience de sa propre identité, qui transcende l’être distinct, véritablement non-duel, et qui intègre différentes couches d’être : les sphères physique, émotionnelle, rationnelle, et psychique.
La clé, cependant, c’est de se rappeler de cette réalité, de l’embrasser, de s’aligner sur elle, de l’intérieur du soi, et de décider de revivre selon des valeurs spirituelles telles que la patience, l’honnêteté, l’intégrité, l’authenticité, l’humilité, l’intérêt sincère pour les autres, le pardon, la générosité, la gratitude, le silence, la compassion, la foi, la joie, le ravissement, la beauté, le mystère, le miracle, la tolérance, l’amour…
La spiritualité n’est pas qu’un simple concept, un cadre théorique abstrait dont on peut saisir les contours en s’aidant de la raison. Elle ne peut non plus être réduite à toute autre définition normative. La spiritualité n’a rien à voir avec la religion.
Elle est un voyage aux tréfonds de l’être, basée sur l’expérience, les valeurs, une quête incessante de signification, d’interconnexion culturelle sur plusieurs niveaux, et de transcendance.
En essence, la spiritualité n’est rien de plus ni rien de moins que le fait de savoir comment vivre en paix, dans l’amour, l’harmonie et la beauté, et de s’aligner sur soi-même (mais pas sur son ego!) et sur les autres, sur la nature, et sur le transcendant. C’est la beauté de l’amour et du bonheur véritables.
Dans le spectre culturel, spiritualité et fondamentalisme sont aussi opposés que le sont le nord et le sud.
La spiritualité recherche une relation sensible, contemplative et transformatrice du sacré qui réapparaît aujourd’hui comme un moteur des sociétés contemporaines.
C’est la véritable responsabilité – entendez par là la capacité à se responsabiliser, à réagir : accepter certains niveaux d’incertitude dans cette quête parce que le respect et la dignité du mystère sont cruciaux.
Le fondamentalisme recherche la certitude, les réponses univoques et l’absolutisme et constitue une réponse craintive à la complexité de notre monde et à notre vulnérabilité en tant que créatures dans un univers mystérieux.
La spiritualité est au contraire issue de l’amour et de l’intimité avec le sacré, alors que l’absolutisme repose sur la crainte et la possession par le sacré.
Le choix entre spiritualité et fondamentalisme est en fait un choix entre l’intimité consciente et la possession inconsciente (David Tacey).
La bonne nouvelle, c’est que l’interdépendance, le partenariat et l’exploitation positive des conflits, et non l’exploitation brutale, la manipulation et la désunion, sont devenus autant de jalons vers l’auto-accomplissement dans l’interconnexion omniprésente sur notre planète.
Il convient donc d’entreprendre un changement de cœur, une transformation intégrale du système, une transmutation de notre identité et de nos actions !
La religion (du latin religio, qui signifie littéralement connexion ou liens avec les origines, les racines, ce dont nous sommes faits) a comme clé de voûte la relation, tout comme l’ensemble des activités humaines, dont le but final est de tisser des relations solides et durables basées sur la véracité.
Ainsi donc, il ne s’agit plus d’économie (ce serait d’ailleurs stupide), mais de relations, de relations humaines dans tous les sens du terme !
C’est là que la spiritualité présente une énorme valeur ajoutée : elle seule peut restaurer le sens d’un monde qui, aux dires de beaucoup, s’est appauvri spirituellement, menant à une existence démystifiée et sans aucun sens.
La bonne nouvelle, une fois encore, est que la terminologie spirituelle est en train de se faire une place, lentement mais sûrement, dans l’agenda des décideurs du plus haut niveau. Le développement spirituel, la vision spirituelle, les besoins spirituels, les valeurs spirituelles, l’environnement spirituel, etc., voilà autant de marqueurs d’une tendance émergente : nous avons désespérément et urgemment besoin de nouvelles façons de nous rapprocher les uns des autres, de développer des relations professionnelles, de coopérer les uns avec les autres afin de promouvoir notre bien commun. Nous avons aussi désespérément et urgemment besoin d’une nouvelle langue, d’un nouveau vocabulaire, de nouveaux outils pour décrire notre transformation et en partager notre compréhension avec les autres (Andy Tamas).
La bonne nouvelle, c’est aussi que le monde des affaires commence à son tour à intégrer la perspective spirituelle des affaires.
Dans ce cas, l’unique valeur ajoutée réside dans le fait que la spiritualité, c’est-à-dire l’expérience intérieure d’une interconnexion profonde avec tous les êtres vivants, ouvre un nouvel espace, loin du marché et du « business as usual ».
Cette transition vers une économie sage post-capitaliste et bâtie sur des valeurs joue un rôle crucial dans le passage d’une transformation des moyens en une transformation des valeurs et des préférences (Luk Bouckaert et Laszlo Zsolnay).
N’est-il pas temps que durabilité, spiritualité et écologie allient leurs forces, elles aussi, et nous permettent de développer des modèles viables de vie commune empreinte d’amour, d’harmonie et de beauté ?
Ce mode de vie écologique et véritablement durable passe indéniablement par la spiritualité.
Une durabilité qui refuserait de tenir compte du mystère, de l’esprit et de la spiritualité ne serait rien de plus qu’une impasse, ignorant ce que nous sommes.
La durabilité peut-elle se passer de valeurs spirituelles sous-jacentes ? Ou, au contraire, la réussite de la durabilité écologique n’est-elle pas inévitablement liée au développement, à la pratique, à la discipline et à l’élaboration de valeurs spirituelles ? (John E. Carroll).
Il s’agit donc aussi, en définitive, d’un appel à une direction nouvelle, véritable, visionnaire et spirituelle, dont l’essence même a été superbement décrite par l’Homo Universalis hongrois Sándor Weöres: “Pour devenir un être humain véritable, l’essence de ce que l’on est réellement, il faut se tourner vers son for intérieur, explorer ses propres profondeurs et se ‘trans-illuminer’, et ensuite, on pourra faire rayonner sa propre lumière intérieure sur les autres et sur l’environnement.”
Rayonnons donc et agissons tous ensemble pour ETRE la différence et ETRE nous-mêmes !